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LA MÈRE DE DIEU.

— La mère de Dieu », répondit la petite d’un air craintif.

Sabadil éclata de rire.

« Comment nommes-tu le paysan à qui appartient cette ferme ? »

Il l’indiqua du doigt.

« Ossipowitch », dit l’enfant.

Elle se leva, prit son épi de maïs qu’elle avait posé près d’elle et s’enfuit à toutes jambes.

Sabadil s’avança jusqu’auprès de la haie. Il se blottit dans un buisson et attendit l’obscurité, qui tomba rapidement. Les oiseaux s’étaient tus depuis longtemps. Le sifflement rapide des chauves-souris seul traversait l’air. Une large étoile étincelait dans le ciel bleu. La forêt et les taillis se trempaient de rosée. La brise soufflait, tout imprégnée d’une odeur de fenouil et de thym, et plus tard, lorsque le ciel fut couvert d’étoiles et que les fenêtres de la ferme furent éclairées, les rossignols se mirent à chanter au bord du ruisseau.

Sabadil se tint coi jusqu’à ce que les lumières des croisées fussent éteintes et que l’on n’entendit plus les soupirs des rossignols. Tout dormait. L’air était chaud et lourd, chargé de parfums. De temps en temps retentissaient le cri d’une chouette, les aboiements d’un chien dans la campagne. Dans la forêt deux lueurs se mirent à errer entre les troncs blancs des bouleaux. C’étaient les yeux d’un chat sauvage. Ils disparurent dans les feuilles.

Sabadil s’assit par terre et appuya sa tête sur une pierre recouverte de mousse. Il écouta un moment