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LA MÈRE DE DIEU.

de la ferme étaient, comme dans la plupart des constructions houzoules, faites de troncs de jeunes arbres recouverts d’épaisses lattes et rappelant vaguement les blockhaus des Prairies.

Sabadil remarqua que la propriété se composait de deux maisons, dont l’une était en façade sur la route, du côté de la forêt, tandis que l’autre était bâtie un peu à l’écart et presque entièrement dissimulée par de hauts massifs de lilas. Le jeune homme ne douta pas un instant que cette dernière ne fût l’habitation de Mardona, la Mère de Dieu. Elle avait deux sorties : une porte donnait dans la grande cour, et une autre sur le derrière, en communication avec une petite grille ouvrant sur les champs, par où l’on pouvait, sans être vu, sortir dans la campagne.

La grande métairie des Ossipowitch avait un grand nombre de dépendances, de granges, de chenils et d’étables. Au milieu de la cour se dressait un immense pigeonnier. À droite s’étendait le jardin potager, qui était très vaste.

Les toits des bâtiments étaient couverts de nuées de pigeons, dont le roucoulement accompagnait le tac régulier des batteurs en grange. Un paon superbe se promenait majestueusement sur le sable de l’avenue. Tout ici respirait l’opulence, le bien-être et l’ordre le plus parfait.

Personne n’eût pris pour des paysans les habitants de cette métairie. Elle ressemblait à une propriété seigneuriale, avec plus de soin cependant, car la plupart de nos châteaux de Galicie ont des vitres cassées par où entre librement la volaille de la basse-cour,