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LA MÈRE DE DIEU.

mais, comme aucun des assistants ne lui donnait la réplique, il se tut et se mit, de son gros doigt orné d’un anneau d’argent, à écraser toutes les mouches qui voltigeaient aux vitres.

Un temps assez long se passa. Enfin un bruit de roues et les coups secs donnés par des sabots de chevaux sur le pavé de la cour annoncèrent l’arrivée de Mardona.

Tous se levèrent et la saluèrent respectueusement. Elle entra gravement, adressa à ses disciples un signe de la tête, et prit place sur une chaise. Ses frères s’avancèrent pour la servir. Jehorig la débarrassa de plusieurs objets qu’elle avait achetés en ville, et Turib lui retira ses hautes bottes, couvertes de boue.

« Quelle bonne nouvelle nous apportes-tu, Lampad ? » demanda la Mère de Dieu.

Kenulla tomba à genoux et se traîna jusque près de Mardona pour recevoir d’elle le baiser de paix.

« As-tu apporté l’acte de donation ? demanda la Mère de Dieu.

— Voici, tout est écrit là-dessus, ainsi que tu me l’as ordonné. C’est le notaire de la ville qui s’est chargé de la besogne.

— Allons, lis ! »

Mardona feignait de ne pas remarquer Sabadil.

« Tu ferais mieux de lire toi-même, repartit Kenulla.

— Lis, toi. Je le veux. »

Kenulla se leva, alla vers la fenêtre, comme s’il n’y voyait pas clair, regarda longuement le document et garda le silence.