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LA MÈRE DE DIEU.

« Mardona, je t’implore, continua Wewa : fais-moi la grâce de parler à ce fou et de le convaincre.

— Voyons, Sukalou, épouse-la donc, puisqu’elle t’aime !

— Tu entends ? Tu dois m’épouser », s’écria Wewa en riant aux éclats et en tournant sur elle-même de façon à faire bruire ses jupes amidonnées.

Elle était, malgré sa corpulence, très agile, et même gracieuse.

« Mais je ne veux pas de toi ! Je te répète que je ne veux pas de toi ! dit Sukalou. Épouses-en un autre. » Il souleva son sac sur son épaule.

« Et puisque tu continues à m’obséder de tes propositions, apprends qu’il est encore au monde des gens honnêtes qui estiment plus haut la vertu que la richesse et les faveurs des femmes.

— Tu dois m’épouser, entends-tu ? et non pas prêcher », s’écria Wewa.

Sukalou essaya de prendre la fuite ; mais il n’avait pas atteint la porte que les bras robustes de Wewa l’empoignèrent et le firent tournoyer en trébuchant :

« Reste là, fripon, je te l’ordonne, et pas un pas ! As-tu compris ? cria la veuve, pourpre de colère. Mais… que vois-je ? Qu’as-tu là, dans ton sac ? Laisse voir.

— Je crois que ce sont des peaux de martre.

— Montre-les-nous ! »

Sukalou, du plat de sa main, frotta vivement sa tête chauve à plusieurs reprises en perçant Wewa d’un regard furieux. Mais cela ne lui servit à rien. Il fut forcé de reposer son sac et de l’ouvrir. Aussitôt toutes