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LA MÈRE DE DIEU.

Sukalou, pour toute réponse, baisa le bord de sa robe, et même commença à lui baiser les pieds. Il se mit ensuite à genoux.

« Wewa ! s’écria-t-il, je te respecte, je t’estime infiniment. Ah ! si l’on voulait m’écouter, on t’élirait Mère de Dieu, à la place de Mardona. Tu vaux infiniment mieux qu’elle, Wewa ; je t’estime de tout mon cœur.

— Et tu m’aimes aussi, dans ce cas ?

— Je t’aime, et je suis tout prêt à t’épouser.

— Ah ! enfin !…

— Seulement, je te demande que notre contrat m’assure la possession de ta ferme et de ta maison.

— Ne me parle pas de cela, répondit Wewa aigrement.

— Si, Wewa, si, ma petite Wewa, je t’en parlerai. C’est chez moi une faiblesse, tu le sais. Je t’aime depuis longtemps. Je suis épris sérieusement de toi, Wewa, au point que souvent j’en suis malade ; mais j’aime encore mieux me consumer et mourir d’amour que de commettre un péché sans en tirer aucun avantage. Dresse une donation par laquelle tu m’assures ta maison et tes champs, et nous nous marierons tout de suite.

— Sukalou, tu recommences !… »

Wewa fronça les sourcils avec humeur.

« Veux-tu que je te prouve que ce n’est pas un péché que de se marier ? le veux-tu, dis ?…

— Prouve-moi ton amour en faisant ce que je demande. J’aime mieux cela.

— Ah ! le coquin ! »