Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LA MÈRE DE DIEU.

Un frémissement, un chuchotement passa à travers la foule. Puis une jolie jeune fille sortit des rangs et se frappa trois fois la poitrine, en tombant à genoux aux pieds de la Mère de Dieu.

« Je me reconnais coupable devant Dieu et devant toi, Mardona, commença-t-elle. Depuis quelque temps je chagrine fort mes parents.

— Te repens-tu de ta faute ?

— Je me repens.

— Tu t’agenouilleras durant deux heures, en t’humiliant, décida Mardona, et en répétant ces mots : « Tu honoreras ton père et ta mère, afin que tes jours soient heureux. »

Mardona, là-dessus, embrassa la pécheresse, et celle-ci s’éloigna, le visage caché dans son mouchoir.

« Humiliez-vous tous, s’écria Mardona, car, devant Dieu, personne n’est parfait. »

Une jeune femme s’avança près de Mardona, se jeta à ses pieds brusquement et demanda, en désignant une de ses compagnes, qu’on la punît pour l’avoir offensée.

« Que t’a-t-elle dit ? demanda la Mère de Dieu.

— Elle m’a appelée « crapaud venimeux, serpent, fille de chienne ».

— Qu’as-tu à répondre ? demanda Mardona à l’accusée, qui se tenait là toute rouge et horriblement embarrassée.

— Je l’ai dit,… j’étais en colère.

— Même dans la colère nous devons respecter notre prochain et le vénérer comme l’image de Dieu, s’écria Mardona. Demande pardon à ta compagne, à