l’instant même ; agenouille-toi, et fais pénitence. »
La pécheresse vint tomber aux genoux de son ennemie et lui demanda pardon. Puis les deux femmes s’embrassèrent. En retournant à leurs places, elles furent bousculées par un paysan qui traînait par la manche un jeune homme pâle, aux traits décomposés, devant la chaise de leur juge.
« En voilà un qui m’a volé une faux, commença le paysan.
— Point du tout, mon petit père, je l’avais seulement empruntée.
— Tu l’as volée ! cria le paysan. Durant mon absence tu t’es introduit dans ma chaumière, et tu m’as enlevé ma faux !
— Empruntée, petit père, empruntée, répéta le jeune homme, très effrayé.
— Tu l’as volée, s’écria le plaignant, car, lorsque j’ai envoyé Jur chez toi… Jur, c’est mon fils… tu lui dis…
— Jur n’est pas venu chez moi.
— Où est Jur ? » demanda Mardona.
Un jeune gars s’avança.
« J’ai été chez lui, petite mère, et je lui ai dit que ce ne pouvait être que lui qui avait pris notre faux, et qu’il eût à nous la rendre. Il s’est mis à rire et m’a répondu : « Je n’ai pas votre faux », et il ne nous l’a pas encore rendue.
— Nieras-tu encore ? » demanda Mardona à l’accusé.
Le malheureux tremblait de tous ses membres. Il resta muet.
« Je décide que tu as volé, continua Mardona et