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LA MÈRE DE DIEU.

Sofia sauta à terre, embrassa Sabadil de ses lèvres froides et entra dans la salle, lui faisant signe de la suivre.

« Il fait bon chez toi, dit-elle en se frottant les mains. Ça t’étonne que je vienne te voir comme cela, hein ? Mais attends ! tu béniras encore ma visite. Assieds-toi près de moi ; ne sois pas si fier. »

Sabadil prit place à ses côtés. L’ange blond et svelte le regarda un instant en face, avec complaisance, la face éclairée d’un sourire.

« Je t’apporte une bonne nouvelle, dit enfin Sofia. Seulement je la garderai pour moi, si tu n’es pas plus gentil, plus aimable.

— Si Mardona apprend que tu es venue, dit Sabadil, elle nous fera lapider tous les deux.

— Qu’importe Mardona ! s’écria Sofia. Ah ! je ne la crains plus, moi, je t’en réponds. Elle ne peut pas m’obliger à lui obéir. Si elle s’avise de me faire quelque chose, je la tiens, va ! Du reste, tu ferais mieux, toi aussi, de reconnaître la nouvelle Mère de Dieu.

— Wewa ! »

Sabadil se mit à rire.

« J’en connais une autre, insinua Sofia. Si elle était Mère de Dieu, celle-là, je crois que tu n’hésiterais pas à te soumettre à elle.

— De qui parles-tu ?

— De celle que tu aimes.

— Comment cela ?

— Je parle de Nimfodora. »

Sabadil devint pourpre.

« Es-tu pincé, hein ? » murmura Sofia à voix basse.