— Pour l’amour du ciel ! mais tu aurais pu être surprise par les loups ou ensevelie sous la neige.
— Ah ! je n’ai pas peur. »
Elle monta près de lui, s’assit à ses côtés, et se mit à rire.
« Comme tu as froid. Tu aurais pu geler là, dans cet ouragan !
— Eh bien ! que se passe-t-il ? S’est-elle aperçue de quelque chose ?
— Et de quoi s’apercevrait-elle ?
— Que tu ne l’aimes plus.
— Je ne peux pas dire cela, répondit Sabadil d’un air sombre, en baissant la tête. Souvent je m’imagine que je la hais, et cependant…
— Rappelle-toi sa manière d’agir à ton égard, insinua Sofia ; dans son regard papillotait quelque chose d’étrange. N’oublie pas les tourments qu’elle l’a fait subir.
— Vois-tu, Sofia, c’est justement cela. Lorsque je songe qu’elle t’a fait lapider sans merci, quand je pense qu’elle reçoit les visites de ce noble seigneur…
— Je vois que cela t’exaspère !
— Oui, Sofia, et cependant…, cependant elle en est encore plus séduisante à mes yeux.
— Tu es fou.
— Cependant c’est ainsi.
— Quant à elle, continua Sofia, elle t’aime davantage depuis qu’elle sent qu’elle t’a perdu. Car elle le sent, bien qu’elle ne sache rien de ce qui se passe. Cette femme a le diable au corps.
— Tu doutes de sa vertu, dis ?