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LA MÈRE DE DIEU.

— Comment penses-tu échapper à la damnation éternelle ?

— Par le repentir et la pénitence.

— Es-tu décidé à te soumettre à ma sentence ? Accepteras-tu la pénitence que je t’infligerai ?

— Oui.

— Je vais donc prononcer mon jugement sur toi, continua-t-elle d’une voix douce, et sans trahir la moindre émotion. Comme punition de tes blasphèmes qui crient au Ciel et témoignent contre toi, pour arracher ton âme à la puissance de Satan, je te condamne à être crucifié. »

Un murmure traversa la foule. Sur chaque visage se lisaient l’effroi et l’horreur.

Sabadil frissonna, mais resta muet.

Mardona remarqua l’effet terrible que ses paroles avaient causé. Elle eut peur, elle que rien n’effrayait. Dans ses yeux passa une lueur étrange, une lueur pleine de ruse et de colère.

« Tu seras attaché à une croix avec des cordes, continua-t-elle, et tu y resteras durant trois jours. Le Seigneur l’exige. Que sa volonté s’accomplisse ! »

Un nouveau murmure s’éleva. Cette fois, c’était un murmure d’approbation.

Mardona sourit dédaigneusement.

« Humiliez-vous tous, s’écria-t-elle d’une voix sonore, car devant Dieu nul n’est parfait. »

Tous se jetèrent à genoux et se frappèrent la poitrine par trois fois. Mardona se leva et donna quelques ordres à Barabasch ; puis elle s’approcha de Sabadil et lui posa la main sur l’épaule.