N’oubliez pas je vous prie, ma chère amie, de faire continuer à travailler à mon trousseau tel qu’il a été décidé avant mon départ. Il est physiquement impossible que je puisse finir mon voyage avec ce que j’ai apporté. Tenez-le tout prêt et, dans ma première lettre de Rome, je vous indiquerai l’adresse à laquelle il faudra me le faire passer. De Marseille, rien ne vous sera plus aisé que de trouver des occasions pour Rome. Surtout recommandez bien qu’on prenne garde à la coupe du col de mes chemises car toutes celles que l’on m’a faites dernièrement à la Coste sont abimées. Je vous supplie aussi (également que M. Gaufridy) d’arranger les choses de manière à ce que je trouve la totalité de mes mille écus en arrivant à Rome ou sans cela vous me mettriez dans un grand embarras. Je vous embrasse tous les deux.
Vous êtes peut-être un peu fâché contre moi de ma dernière lettre, mon cher avocat, mais j’étais bien fâché moi-même et vous connaissez mon premier mouvement. J’attends votre réponse à cette lettre, dans laquelle j’espère bien trouver votre justification. Elle vous sera d’autant plus aisée que je me flatte que vous m’êtes attaché et n’avez sûrement jamais voulu me faire de la peine exprès. De grâce, que rien ne retarde vos soins pour me faire en entier ma somme de mille écus. Vous me mettriez, faute de cette somme, dans le cas de revenir au milieu de l’hiver, ce qui serait désagréable et dangereux de toutes façons. Les politesses du chevalier de Donis sont un peu froides et il ne m’a pas encore offert un verre d’eau. On dit que c’est l’usage du pays ; il ne faut donc pas s’en étonner. Je suis désespéré de la gloutonnerie de Charvin qui lui a fait garder la moitié du chocolat que je vous envoyai. Ce procédé est infâme de sa part ; je le réparerai à mon retour. Méfiez-vous des promesses de Nanon et n’ajoutez guère plus de foi à ce que vous disent mes oncles. Ils s’entendent avec la présidente.
Au nom de Dieu, monsieur, faites-moi le plaisir de me dire qui est-ce qui entoure madame de S. et lui fait dire toutes les absurdités qu’elle me mande au sujet des mille écus que j’attends depuis si longtemps et avec tant d’impatience ? Qui est-ce qui est assez bouché et ennemi du bon sens pour lui dire d’abord qu’il faut que je reçoive mon argent en argent de Gènes, ce qui d’un coup de filet m’en fait perdre un tiers ; et puis qu’il faut savoir