une chambre ardente pour les saisies ». Elle voyage sur la tartane
« L’aimable Marie » et pèse plus de six quintaux. C’est une arche véritable.
On en tire, entre autres choses, des marbres, des pétrifications,
« un vase ou amphore à conserver les vins grecs imprégné de racines
de corail », des lampes antiques, des urnes lacrymatoires, « le tout à la
manière des Grecs et des Romains », des médailles, des idoles, des
pierres brutes et des pierres travaillées du Vésuve, une belle urne sépulcrale
bien entière, des vases étrusques, des médailles, un morceau sculpté
de serpentine, un morceau de nitre de la solfatare, sept éponges, une
collection de coquilles, un petit hermaphrodite et un vase de fleurs, « le
tout d’albâtre de Volterre en Toscane », une assiette de marbre, garnie
de toutes sortes de fruits « singulièrement bien imités », deux chiffonniers
de marbre du Vésuve, un bouquerini ou tasse des Sarrazins, un
couteau à la napolitaine, des hardes, des estampes et des livres parmi
lesquels : les « Preuves de la Religion » en quatre volumes, un traité de
l’existence de Dieu, « la Révolution opérée sous Maupeou », « la Dîme
réfutée », un almanach des spectacles, « la Saxe galante », l’almanach
militaire, des lettres imprimées et manuscrites de Pompadour, l’« Histoire
de Naples », des ouvrages italiens, un dictionnaire de rimes.
Les affaires d’Aix marquent toujours le pas. Siméon n’a pu obtenir une audience du procureur général et Reinaud est d’avis qu’on la fasse solliciter par un tiers « car les personnes du palais sont les moins en crédit pour ces sortes de recommandations. » Madame de Sade a fait de son côté un voyage dans le Comtat : elle s’est arrangée avec le juif et a tiré quelques sols de Ripert, mais n’a trouvé auprès du commandeur que « grand chaire et propos vagues ». « Il pense, dit-elle, comme l’abbé, mais y met plus de politique ». Au vrai, il ne pense qu’à lui et cette unique préoccupation ne va point jusqu’à la fatigue.
M. de Sade est sur le chemin du retour. Reinaud lui envoie des lettres de recommandation pour Grenoble : « J’ai peur, écrit-il, que notre homme papillonne trop. » Le marquis est à Rome le premier juin, à Bologne le treize, à Turin le dix-huit, quelques jours après à Grenoble, d’où il envoie un exprès et prie Gaufridy de lui trouver un Martial. M. Tierce a appris, après son départ, à qui il avait eu affaire ; il écrit, en fort mauvais termes, à l’honnête Reinaud qui se montre tout éberlué de la rigidité de ce peintre.
Des lettres et des paquets continuent cependant à arriver de Rome et de Toscane. Le marquis entretient pendant longtemps une correspon-