dance avec Florence, où il a noué des relations et peut-être laissé des
collaborateurs, tels que le docteur Mesny, médecin du grand-duc. Même
après son internement à Vincennes les lettres d’Italie sont les seules que
le prisonnier soit autorisé à recevoir directement. M. de Sade travaille
à quelque ouvrage ou nourrit le projet de le faire et la marquise, parlant
de lui, écrit à Gaufridy : « Recevez en attendant mille amitiés de l’auteur ».
Il prend pour secrétaire un certain Raillanne, à qui l’on donne
du monsieur, ce qui suppose de l’âge et de l’orthographe. « Il faut, écrit
Rainaud à cette nouvelle, que ce soit un littérateur terrible ». Hélas, oui !
Il est malaisé de savoir ce qu’a fait le marquis pendant les semaines qui ont suivi son arrivée à Grenoble. Il n’a guère marqué son passage dans cette ville qu’en y faisant des dettes, mais, dès le huit juillet, il dépêche la Jeunesse à la Coste, porteur d’un ordre de le faire prendre, le quatorze à soir, vis-à-vis le bac de Roquemaure sur le Rhône. Mais s’est-il rendu à ce rendez-vous et par quelle voie ? Les lettres, dont la plupart ne portent point de date, fournissent des raisons de douter que M. de Sade soit venu à la Coste vers le milieu de juillet et de plus fortes raisons de le croire. L’hypothèse la plus vraisemblable est que M. de Sade a passé quelques jours ou quelques semaines à la Coste, où le bruit se répand qu’il a vu le pape et qu’il est tombé dans la dévotion, qu’il est ensuite reparti pour Grenoble, s’y est séparé de Raillanne et y a retenu pour secrétaire, par l’intermédiaire d’une dame Giroud, libraire, le petit Malatié ou Lamalatié, que nous retrouverons bientôt. Madame de Sade écrit enfin le quatre novembre : « Le nouvel arrivé vous fait mille compliments ».
À ce temps Gothon est malade. Madame de Sade est toujours en démêlés avec le curé et l’évêque ; Marie, une de ses filles de service, est mourante d’une queue de rougeole et on la transporte, malgré ses pleurs, hors du château ; l’homme à qui la marquise a intenté un procès en retrait féodal se venge en lui tuant six dindes qui sont allées dans son pré.
Mais le retour du marquis a fait surgir de nouvelles menaces. L’affaire de Lyon n’est qu’assoupie et madame de Montreuil s’en inquiète encore. On apprend à la Coste que la petite fille placée chez l’abbé de Saumane, et dont il s’était débarrassé en la faisant conduire à Mazan, s’est enfuie à son tour et qu’elle a fait une déposition en règle chez le juge d’Orange avant de regagner son pays, « ce qui est encore plus dangereux ».
Il n’y a point d’argent dans la maison et une meute de créanciers