Je suis véritablement honteux, monsieur, du retardement de ma réponse à la respectable dame qui m’a fait l’honneur de m’écrire. J’ai celui de lui en présenter les motifs et mes excuses pour l’incluse que je vous prie de lui faire passer. Je ne lui dis rien de l’affaire d’Arles et j’ose me flatter qu’elle ne désapprouvera pas ma réticence. Les parents de la fille la réclament et, d’après les renseignements demandés, on a dit qu’elle avait accouché des œuvres du seigneur, qu’ensuite elle avait été renfermée au couvent par ordre du roi et que les fermiers de ce seigneur payaient sa pension. S’il y a quelque différence dans la réalité des faits, je vous serai obligé de m’en faire part et de tous les éclaircissements que vous pourrez avoir sur ce fait, sur lequel il n’a encore été pris aucune détermination……
……Je rouvre mon paquet parce que le froid empêche la Soton d’aller à Apt. Voici le fait. Le curé a envoyé chercher la nourrice de la petite Nanon et, après mille questions de lui et de sa sœur, on voulait lui faire avouer qu’elle savait, de même que ceux qui lui ont donné l’enfant, qu’elle était grosse quand elle le prit. C’est elle qui vient d’accoucher et dont la petite Soton devait être marraine. La femme a répondu qu’elle ne le savait pas et qu’elle avait cru que le défaut de lait venait de la fatigue des vers à soie……
……Il s’est répandu dans la ville de N…[2], et principalement chez le consul chargé des affaires, que M. de M…[3] était M. Teissier, caissier du grenier à sel de Lyon, qui faisait banqueroute avec quatre-vingt mille livres qu’il emportait de la caisse et que le nom de comte de M… était un nom emprunté, qu’il fallait avoir les yeux sur lui et on a prévenu l’homme chez qui il loge. On a demandé à un M. de la Bourdonnaye, colonel français, s’il connaissait ce nom ; il a répondu qu’il connaissait tous ses confrères, mais qu’il n’en connaissait pas de ce nom-là. Grande explication à ce sujet ; on l’a forcé de dire qui il était, il a montré les lettres du Donis et autres.