aboie aux chausses du seigneur. Quarante mille livres représentant les
revenus de sa charge sont sous séquestre. Madame de Montreuil n’a
pas reçu le nouvel état des dettes qu’elle demande et le marquis se dévore.
Toutefois cette dame, émue par la nouvelle qu’il ne reste au château ni
pain, ni viande, ni épices, envoie douze cents livres à Gaufridy avec ordre
de les passer en compensation des sommes dont il doit compte. Cette
aumône aux petits paquets irrite madame de Sade qui demande si l’avocat
sera chargé de payer lui-même les fournisseurs. Mais le marquis s’y
prend d’autre sorte pour attirer à lui un peu de ce bel argent. Il affecte
une grande peine, pleure sur son amitié abusée, se résout à ne croire à
rien, se réfugie dans l’ironie qui cache la plaie du cœur et y gagne du
coup cinq cents livres.
L’année touche à son terme lorsque le sieur Treillet tire sur le marquis un coup de pistolet qui lui brûle le poil sans l’atteindre. M. de Sade raconte lui-même son démêlé avec le père de Justine, sa cuisinière. Malgré l’avis de Gaufridy, il veut engager contre lui une procédure criminelle et Treillet y répond par de graves accusations qu’il va porter devant le procureur général. De leur nombre est l’étrange histoire de quelques compagnons errants que le marquis a fait venir à la Coste ou qu’il y a hébergés au passage, et qui, après avoir dormi une nuit sous son toit, sont repartis au petit jour, pèlerins effrayés du mauvais gîte.
La marquise part pour Aix à ce nouveau malencombre, dans le dessein de voir M. de la Tour. Mais elle y éprouve une grande mortification. À peine descendue de sa chaise, elle reçoit du jardinier de l’intendant l’ordre de repartir. Une lettre anonyme avertit par ailleurs le seigneur de la Coste qu’un exempt et dix cavaliers doivent venir de Marseille pour s’emparer de lui à la foire de Saint-Clair, qui se tient à Apt le deux janvier. Le marquis se cache et l’on couvre sa courte absence d’un prétexte.