produire sa justification. Elle s’adressa à M. de Maurepas même et à
M. Amelot[1]. Il lui fut répondu que quand même l’affaire prendrait une
tournure aussi favorable qu’elle l’espérait et qu’on le désirait, il n’était pas
possible qu’elle pût se flatter de conserver cette charge à M. de Sade ni à
ses enfants, que tout ce que l’on pouvait obtenir serait de la faire passer à
quelqu’un de la famille pour que cela eût l’air d’un arrangement[2]……
dépossession forcée. Comme on était bien informé et qu’il n’y avait pas
un moment à perdre, on la demanda pour le comte de Sade d’Aiguières.
Étant de même nom et même maison, c’était prouver au public au moins
qu’on ne le regardait pas comme taché. Elle lui fut accordée par le roi, le
deux mai dernier. Madame de Montreuil a les lettres ministérielles qu’elle
garde pour sa satisfaction, au cas que M. de Sade, toujours injuste envers
elle, doute qu’elle n’ait fait tout ce qu’il a été possible pour la lui
conserver.[3]
Je vous prie, mon cher avocat, de porter vous-même cette lettre à M. de S. J’ai été témoin de tout ce qui s’est passé à ce sujet. Je ne suis point partisane de ma mère, au dépens de M. de S. ; vous connaissez mon cœur pour lui, et, s’il pouvait être derrière moi quand je parle, il verrait que je prends mieux ses intérêts que lui-même……
La boutade d’interdiction a passé, l’on n’en parle plus ; au contraire l’on dit qu’il est tout simple qu’après une aussi longue absence M. de S…… range ses affaires dans ses terres et surtout dans le Comtat où sa présence est le plus nécessaire.
Quand je parle à ma mère de l’aller rejoindre dans ce moment-ci, elle jette feu et flamme et me menace très sérieusement de le faire arrêter si j’allais sans nulle considération pour tout ce que cela pourrait faire dire. Elle est comme une lionne là-dessus, imbue de mauvais propos de L… et de V… Je la vois très décidée à faire l’esclandre si je pars. J’attendrai votre réponse jointe à celle de monsieur pour prendre mon parti……
Pour la charge qu’il prenne garde de faire un esclandre qui apprenne au public ce qu’il ignore……
Je reçois à l’instant une lettre anonyme, mon cher, après avoir jeté l’autre au courrier. J’en ai reconnu le style, le caractère et l’auteur et j’y répondrai demain. Elle vient de Paris ; c’est te dire le nom de la personne. Je ne sais si c’est le cas de la montrer à son mari pour lui dire cave tibi. Je laisse cela à ta prudence. Tu pourrais la lui faire passer, si tu t’y décides,