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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


avec celle que je lui écris dans ton enveloppe. Elle m’est venue par la route la plus détournée. Je vais lui répondre de même. Adieu, bonsoir.


Le marquis se persuade que madame de Montreuil ne le hait pas et qu’elle le tracasse pour mieux lui montrer ensuite son intérêt. (Sans date).

Je ne cesserai de voir, mon cher avocat, sous tout cet entortillage, la main de madame de Montreuil qui agit partout ; soyez sûr, je le répète et le dirai toujours, que tout ce qu’écrit ici madame de Sade est encore son ouvrage et que tout ceci est toujours une suite de ce que j’ai toujours dit : que madame de Montreuil ne me haïssait pas, qu’elle voulait me servir, mais qu’elle ne le pouvait évidemment et que, pour y mieux réussir, elle était contrainte de s’envelopper sous des dehors de haine et de vengeance. Soyez sûr que je ne me trompe point, il y a plus longtemps que je la connais que vous ; ne soyez pas sa dupe. Madame de Montreuil, par des raisons personnelles, doit afficher qu’elle se venge et qu’elle me hait, et, sous le voile, elle démêlera mes amis et mes ennemis et m’en avertira un jour comme elle a déjà fait dans la circonstance de ma première affaire, où elle se brouilla avec un de ses proches parents, du parti duquel elle avait paru être pendant l’affaire. Elle l’avait elle-même excité. Ce fourbe reconnu, elle nous montra, à madame de Sade et à moi, toutes ses lettres et la rupture éclata. Encore un coup, c’est une femme bien fine et bien fausse, et je crois que vous ne l’avez pas encore bien démêlée. Madame de Montreuil, pour disposer les esprits du parlement, devait afficher une prison perpétuelle, et se relâcher dès qu’elle a obtenu ce qu’elle veut……


M. de Sade ne veut pas ajouter foi aux avis qu’on lui donne ; il désire le retour de sa femme et envoie de l’argent « à la pauvre prisonnière » qu’il a connue à Aix. (8 août).

Eh bien ! des bêtises, des platitudes, à l’ordinaire ! Je m’en doutais ; tout ce petit mystériot-là est encore une farce sur ma parole, et on n’a pas plus envie de me reprendre, que moi d’aller me noyer……

Je vous prie de faire tenir à M. Reinaud cinquante-sept livres dix-huit sols, en ajoutant aux cinquante livres huit sols que je lui dois les sept livres dix sols dont je gratifie la pauvre prisonnière…… Il ne paraît pas que madame de Sade vienne encore ; puisqu’elle affecte de ne pas recevoir mes lettres, ils voudront soutenir la gageure ; j’écrirai donc par voie détournée, toujours dans le principe de la faire au plus tôt arriver, sa présence étant très essentielle pour mille raisons, et nous verrons. Je vous embrasse.