la faire sortir du château, a une vive altercation avec la demoiselle de
Rousset qui se plaint à Gaufridy de ses impertinences. L’avocat promet
d’obtenir réparation et proteste de son dévouement à Rousset sur un
ton qui sonne un peu faux. La marquise, avertie, exige, un peu plus
tard, des excuses publiques et exigerait davantage si le mari n’avait
eu celle de la douleur. Gothon meurt hors de la maison de ses maîtres.
La présidente estime que sa mort est un grand bien pour tous. Les
huguenots de la Coste diront que c’est Dieu qui l’a punie. Gaufridy
gronde mademoiselle de Rousset de s’être trop dépensée à son chevet,
mais la fille avoue qu’elle ne saurait se tenir de faire le bien.
Gothon est en terre depuis plusieurs jours que la marquise discute encore ses chances d’avoir la pension des filles converties, ses prétentions, ses gages et le choix qu’il faut lui laisser d’obéir ou d’aller faire ses volontés ailleurs. Lorsqu’elle sait la mort, c’est pour s’associer aux plaintes de Gaufridy, qui a dû confesser l’état de désordre où se trouve le château et peut-être la disparition d’une partie des biens commis à sa garde. L’inconduite de Gothon ne fait plus de doute pour personne. Madame ordonne qu’on fasse un inventaire avec Grégoire, et, tout en se montrant honnête avec le mari qui mérite bien de la considération, qu’on reporte au château l’argenterie dont se servait sa femme et qu’on remette toutes les clefs à mademoiselle de Rousset. Ensuite on désinfectera, et tout sera dit de Gothon.
Elle était fort coupable et l’on devine sa main dans les plus louches aventures, mais elle était gaillarde et bien emparlée ; elle gardait le même naturel dans le dévouement et dans la faute et la franchise singulière de ses allures rend un peu pénible le silence qui se fait sur elle.
Le marquis s’est montré moins ingrat que sa femme en apprenant la mort de sa servante. Il veut qu’on lui fasse un service ; qu’on exécute ses dernières volontés ; qu’on prenne soin de son enfant si elle en a laissé un, mais aussi qu’on fasse rendre gorge à ceux qui lui faisaient la cour et qui ont pu profiter de ses largesses. Les pensées qu’il lui accorde semblent venir de loin.
Un seul être ne l’a pas oubliée. C’est la Jeunesse, son amant rufian et ivrogne. Le mariage de Gothon lui avait fait une peine affreuse. On lui a caché sa mort, mais il a eu un rêve singulier et il est inquiet.
La folie du marquis, après une courte accalmie, est devenue plus noire. Il jure que sa femme est grosse. M. le Noir, qui craint pour elle,