l’expression de ses désirs et de ses fantaisies. Le prix de sa pension a
été doublé pour qu’il fût mieux traité et sa femme lui a fait passer,
avec de l’argent, pour trois cents livres de linge neuf. La marquise
aussi a dû augmenter sa dépense en engageant un domestique. Depuis
la mort de la Jeunesse, elle se contentait d’en prendre un à la journée,
mais elle se fait vieille et devient infirme ; elle a perdu totalement l’usage
de ses jambes et l’oisiveté l’a fait engraisser.
Les deux époux, isolés par leur mutuel embonpoint, ne s’ajusteront plus l’un à l’autre.
……M. de Sade me témoigna, dans mes dernières visites, désirer avoir des truffes de chez lui tout arrangées dans l’huile. Il n’en faut pas une très grande quantité ; si c’est la saison de les avoir, envoyez m’en……
J’attends mon chevalier sous peu de temps, de là il ira à son régiment. Il fait un vent et une pluie, c’est un diminutif des vents de votre pays ! L’on dit que tout est d’accord pour les états généraux. Dieu veuille que cela soit et que le bien général se fasse. Un bruit court que M. de Mirabeau est à la Bastille……
……J’ai mon chevalier ici. Mon oncle l’a envoyé ici. La lettre que je vous ai écrite, quoique venue après, vous sera toujours un prétexte pour lui refuser dorénavant, et à son frère, de l’argent, à moins que vous n’ayez un ordre de mon oncle ou de moi…… Ces petits messieurs le dépensent comme de la paille. Je ne peux leur mettre dans la tête d’être rangés. Ils en sont quittes pour dire : « Maman, je ne sais pas comme cela se fait, je n’ai fait[1] aucune dépense inutile, et cependant je n’ai plus rien…… »
Du reste, ils sont très bons sujets tous les deux ; l’aîné est la poudre. En arrivant ici, il[2] a récrit à son oncle qu’il était résolu à profiter de