Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/342

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1791


Le marquis veut savoir si ses caisses de meubles ont quitté la Provence et si son fils le chevalier y est arrivé. Il confirme ses ordres touchant la pension de madame de Sade, qui, loin de se résoudre à ne rien recevoir, fait observer de son côté que l’acte de liquidation ne lui accorde que quatre mille livres par an pour les intérêts d’une dot de cent soixante mille. Reinaud s’est employé à mettre les époux d’accord, mais il ne l’a pas fait à la satisfaction de M. de Sade, qui, selon sa manière, enveloppe l’expression de son mécontentement dans des protestations de dévouement et de confiance. L’avocat aixois et lui-même ont eu affaire à des coquins dont un nouveau procès le vengera. Ses récriminations contre la marquise et les Montreuil sont mêlées d’anecdotes sur le détestable M. Baguenaut, correspondant des banquiers Reinaud et Archias d’Aix, qui a pris, ou feint de prendre, M. de Sade pour un fripon et l’a fait passer à la toise avant de lui payer sa lettre de crédit, sur la vie des auteurs de théâtre, sur celle des coulisses, sur une galante aventure où il ne s’est plus montré semblable à lui-même. Il y a des troubles affreux aux Français, où la chose est de fondation.

M. de Foresta montre fort peu d’empressement à rendre l’argenterie trouvée dans la dépouille du grand prieur, mais M. de Sade travaille à faire venir à jubé « ce vieil arabe de commandeur. »

Les éternelles réclamations du marquis se heurtent au mutisme de Gaufridy ; on ne peut s’entendre facilement à deux cents lieues quand on ne s’est pas vu depuis quinze ans. M. de Sade, totalement démuni d’argent, passe pour le plus fieffé avare de Paris. Pour comble de malheur, son deuxième envoi lui est arrivé dans un piteux état. Il demande qu’on lui en fasse un troisième où devront être mis ses manus-