madame de Sade nécessitent une prompte réponse de vous, attendu que si
vous ne prenez pas cette entreprise générale, peut-être elle et mon fils aîné
la prendront-ils, parce que moi, vieillissant et voulant mourir tranquille
sur mon fumier, je veux faire un arrangement solide qui me mette à même
de savoir juste ce que j’ai à manger. Je suis arrangé, je ne mangerai pas
une année plus que l’autre, mais je veux savoir à quoi m’en tenir……
……Le sieur Lions m’écrit froidement : « Vous voulez de l’argent pour votre vente d’Arles, monsieur ? Je ne trouve que des assignats. Conséquemment, ne pensons plus à la vente. »
Je vous avoue franchement que ce style laconique et tranchant d’un tel coq d’Inde m’a mis dans une colère qui lui a valu une lettre à cheval. Comme ma parole est donnée pour la maison et que maintenant, si je ne comptais pas la somme sous un mois au plus tard, je risquerais de me faire saisir, moi et mes meubles, je vous prie exactement, au reçu de ma lettre, de vous transporter à Arles et de procéder aussitôt à cette vente qui ne peut absolument plus se remettre. Mon fils aîné en est prévenu ; l’acte de vente se passe en son nom et au mien, et cette précaution je l’ai prise exprès pour clore la bouche aux animaux qui osaient dire que j’achetais cette maison pour la laisser après moi à une femme. Par la précaution que je prends, il est parfaitement impossible qu’après moi elle n’aille à mes enfants. Elle ne sera pas même saisissable si je laisse des dettes. Donc, je veux conclure et je dois conclure si je veux éviter une mauvaise affaire.
Recevons donc en assignats puisqu’il n’y a pas moyen de faire autrement ; mais tâchez, je vous en supplie, que cette perte soit compensée, c’est-à-dire que, puisque je ne touche que vingt-quatre mille francs d’assignats, mon acquéreur ne prenne tout au plus que pour vingt mille francs de terre……
Priez, je vous prie, M. Lions de n’être plus avec moi ni si laconique ni si tranchant. Ce butor-là est jacobite, je le parierais.
……Sachez-moi, je vous prie, et mandez-moi le plus tôt possible, si cette sœur de madame de Raousset que vous nommez madame de Martignan s’appelait autrefois Julie ou Henriette, parce que je ne les connais, moi, que sous l’un ou sous l’autre de ces noms, et cela seul me fera connaître celle qui est avec vous. Au fait, madame de Raousset demande à aller passer la belle saison à la Coste ; j’imagine que c’est au printemps prochain. Je vais maintenant vous dire tous les inconvénients de cette proposition ;