me révoltent ; je veux qu’on rende à la noblesse son lustre, parce que de
le lui avoir ôté n’avance à rien ; je veux que le roi soit le chef de la nation ;
je ne veux point d’assemblée nationale, mais deux chambres comme en
Angleterre, ce qui donne au roi une autorité mitigée, balancée par le
concours d’une nation nécessairement divisée en deux ordres ; le troisième
est inutile, je n’en veux point. Voilà ma profession de foi[1]. Que suis-je,
à présent ? Aristocrate ou démocrate ? Vous me le direz s’il vous plaît avocat,
car pour moi je n’en sais rien. Mais ce que je sais à merveille, c’est que
je vous embrasse et vous aime de tout mon cœur. N’oubliez pas le quartier
de janvier, je vous en conjure, et croyez-moi pour la vie votre meilleur ami.
……Nous vous faisons présent du détachement du régiment du Maine d’environ trois cents hommes dont nous sommes très contents, et qui partira lundi, deux du mois de janvier. Les officiers sont des parfaits honnêtes gens, de même que le corps des soldats, mais la compagnie des grenadiers vous est recommandée ; ils peuvent aller de pair avec les sans-culottes[2], ainsi vous pouvez vous disposer à les bien recevoir, et surtout à les faire bien boire, car ils ont été gagnés par les limonadiers[3] à coups de verre. Ils ont poussé leur bravoure à vouloir couper la tête à notre maire, et nous avons vu le moment que nous les ferions sortir de la ville avec des coups de canon chargé à mitraille si nous n’avions pas craint qu’ils assassinassent leurs officiers……