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1792
(1er JANVIER – 21 SEPTEMBRE)


La dépouille du grand prieur n’est pas encore attribuée : le receveur de Marseille en liquide une partie, celui de Toulouse l’autre.

Le marquis a fait des dettes et prépare plaisamment Gaufridy au grand coup qu’il va lui porter. La faute en est surtout à madame de Sade qui, après beaucoup de paroles, s’en est tirée en lui comptant quatre mille cinq cents livres sur la succession de sa mère. Mais, quand M. de Sade aura été remis à flot, rien ne viendra plus déranger ses dispositions et, si l’avocat le veut bien, ils prendront ensemble un petit arrangement qui durera autant que leur vie.

La présidente, lasse de pourvoir aux besoins de sa fille, à qui le marquis ne paie pas sa pension, est décidée à plaider encore. Elle en avise Reinaud qui fait connaître à Gaufridy pour quelles raisons de délicatesse on s’abstiendra de le consulter. Reinaud trouve que la conduite du marquis est une injustice et une horreur, car la conscience bourgeoise juge toujours avec sévérité les manquements à payer, l’argent étant pour elle une rançon adéquate à toute libération et même la commune mesure de toutes choses. L’essentiel est, après tout, d’en avoir une.

Le chevalier, qui est en garnison à Lyon, vient passer quelques jours chez sa tante de Villeneuve avant de partir pour Strasbourg avec son régiment. Cette nouvelle jette M. de Sade en frénésie. C’est un coup des Montreuil et son fils n’a été dépêché à la vieille dame que pour lui souffler l’héritage. S’il a celui de madame de Villeneuve, il n’aura pas celui du marquis. Tout, jusqu’au ton que prennent maintenant ses créanciers pour réclamer leur dû, montre à M. de Sade les inqualifiables procédés des parents de sa femme, qui disait des pâte-