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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


bien que l’offre que je vous fais de mes châteaux n’est pas très constitutionnelle, mais celle de ma maison de Paris l’est et je vous y attends……


Le marquis a reçu des municipaux de la Coste une lettre « fraternelle » l’invitant à retourner au pays ! (Sans date).

……J’ai enfin reçu la lettre fraternelle de MM. de la Coste. Elle est très bien ; il y a de la sensibilité, de l’attachement, beaucoup de jacobinisme et la promesse de prendre mes propriétés sous leur sauvegarde, promesse qui me fait grand plaisir, attendu qu’au moyen de cela ils ne pourront plus m’allumer. Vous savez que ce mot est consacré pour les brûlures de châteaux. Ils me préviennent qu’il faut que j’envoie à MM. du directoire de notre département un certificat de résidence ; le voici……

Cette lettre d’ailleurs est pleine d’assurance de tranquillité ; ils m’assurent que les troubles sont et ont été fort médiocres, et m’engagent vivemnt à venir ; je vous charge spécialement au sujet de tout cela de leur faire dire quelque chose d’honnête de ma part. Il est bien extraordinaire qu’on s’avise de dire que c’est vous qui me conseillez de ne pas venir, vous qui, au contraire, en l’air avec moi depuis ma résurrection, avez et devez avoir le plus grand intérêt à ce que nous voyions enfin comme nous sommes. Dépersuadez-les bien de cela, et si j’ai encore occasion de leur écrire, je le ferai sans doute de même. Je voulais, rien qu’à cause de cela, répondre à leur lettre, mais la crainte de faire de cela un commerce suivi, déplacé sur tous les rapports, m’a contenu ; enfin, tôt ou tard, j’arriverai un jour, j’espère, et ils verront comme je leur parlerai sur cela……

L’invasion de la Provence par les Piémontais est sûre si l’on n’y met ordre. Il y a à craindre que les Espagnols ne s’y joignent, mais, pour les Russes, bien certainement. Leur flotte débarque à Sète au mois de juin, et vous n’avez pas, Dieu merci, dix mille hommes de bonnes troupes pour vous opposer à cela. C’est en raison de toutes ces démarches hostiles que je vous ai prié de démeubler la Coste, de m’envoyer au plus tôt ce quatrième envoi qui tarde tant, puis de serrer avec soin tout le reste dans les armoires, en ne laissant meublé que le bas, et ma chambre d’été……

Le chevalier a déserté, et d’une vilaine manière ; l’aîné s’est bien mieux conduit. Adieu, mon cher avocat. Tout cela me donne bien du chagrin ; ayant femme et enfants, me voilà isolé dans le monde comme un célibataire. C’est toujours là ce que j’avais craint. Adieu, je vous embrasse de tout mon cœur.


Le marquis cherche une pension bourgeoise à Avignon pour la dame Quesnet et pour lui-même. (Sans date).

On voudrait trouver dans Avignon, n’importe le quartier, une pension pour les six mois, d’avril à octobre 1793. On désirerait que ce fût dans un ménage bourgeois de gens au-dessus de quarante ans, n’importe l’état ; ou,