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Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/407

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AN II


M. de Sade est à Vincennes, chez un ami. Sa nouvelle adresse à Paris est la suivante : « Au citoyen Sade, homme de lettres, rue de la Ferme-des-Mathurins, no 871, Chaussée d’Antin. »

Il envoie des procurations pour vendre en Provence quarante mille livres de bien représentant le prix de la maison qu’il a acquise à terme, rue de Miromesnil. La vente portera de préférence sur le petit domaine de la Grand’Bastide, à Saumane, qui est insinué au nom de Gaufridy.

Mais celui-ci, dont la timidité est malchanceuse, se trouve compromis, avec un de ses fils, « dans l’affaire de Marseille ». M. de Sade s’étonne de la constance que montre son ami à se mettre dans de mauvais cas. L’avocat ne veut pas comprendre que la république est comme les filles et qu’on peut tout se permettre avec elle pourvu qu’on se dise de ses amis. C’est ce dont le marquis ne se fait pas faute. Il vient de déclarer ses revenus et ils ne dépassent pas, à l’en croire, deux cents livres par an, toutes charges déduites ! Au nombre de celles-ci figurent la rente de quatre mille francs dont il n’a jamais donné un sou à madame de Sade et une prétendue pension à la citoyenne Quesnet « sa fille adoptive et naturelle ».

M. de Sade, qui ne craint pas de soumettre au visa des municipalités cette étonnante déclaration, s’indigne, par contre, que son ancien régisseur Fage refuse de lui délivrer, dans les termes qu’il a donnés lui-même, un certificat constatant qu’il ne doit plus rien au comédien Bourdais. Ce Fage est un agent des Montreuil, comme au temps où il venait pour l’arrêter à la Coste, à la tête de la maréchaussée.

Le ministre pressé par le citoyen Sade va se mettre à l’affaire du pillage.

M. de Murs décline. Le marquis espère que Gaufridy ne négligera rien pour avoir la succession.