que vous ne doutez pas de cette assertion, au fait, dis-je, s’ils se rendent,
c’est à moi qu’ils appartiennent ; mais il n’est pas très sûr que je les lui
vende, et j’aimerais assez à avoir vendu une terre qui me rapporterait encore
trois mille francs de rente et à entraver M. le marquis de Rovère dans ses
jouissances, dans son despotisme et dans ses possessions.
Une autre difficulté s’élève entre M. le marquis et moi, chétif. M. le marquis prétend retenir dix-huit cents francs sur son dernier paiement en raison d’une rente de quatre-vingt-dix francs accordée aux pauvres de la Coste et M. le marquis, qui aime fort les curés, a bien peur que le sien ne perde cela.
J’objecte à M. le marquis :
1o Qu’il n’a pas droit de se payer par ses mains.
2o Que c’est la nation qui recueille aujourd’hui ces dons-là et qu’il n’y a aucun droit.
3o Que je doute que ce don existe par testament d’un Simiane, comme il le dit.
4o Qu’à supposer qu’il existe, ce n’est point un titre pour moi et que, de ce qu’une vieille folle, qui n’était pas ma parente ou que de fort loin, ayant peur du diable a laissé en legs à des curés que ne reconnaît plus la nation, ne peut devenir une obligation pour moi qui n’ai pas peur du diable, qui n’aime point les églises et qui ne crois point aux curés.
5o Que, par unique principe de probité et de délicatesse, je vais vous prier de continuer de faire payer cette rente jusqu’à ce qu’il soit prouvé si je la dois par titre valable, ou si elle n’est, comme j’en suis sûr, que volontaire.
Il est donc urgent que vous ayez la bonté d’éclaircir ce fait et de m’écrire une lettre ostensible qui contienne toutes les preuves du dit fait pour ou contre moi, et cela fort promptement parce que c’est le vingt-trois ventôse, c’est-à-dire aujourd’hui, que Rovère paie et aujourd’hui qu’il va retenir les dix-huit cents francs. Je n’attends donc que votre réponse pour le faire assigner à payer, et le fonds, et les intérêts……
On m’assure, par une lettre que je vous ferai voir un jour, que vous ne vous souciez point du tout de mon voyage en Provence, qu’on assure que j’y vais et que c’est à cause de cela que vous ne voulez pas m’envoyer les mille écus que je vous demande en dernière grâce.
Piquez-vous d’honneur, mon cher Gaufridy, dites et pensez : « Je crains si peu le voyage de M. de Sade en Provence que je vais lui envoyer sur le