Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AN VI


La fin du séjour de M. de Sade en Provence est marquée par une petite émeute à Mazan. Des jeunes gens envahissent le château, disent qu’il est commun et qu’on peut le démolir.

Gaufridy obtient du sieur Lombard qu’il renonce aux diverses parcelles du mas de Cabanes que le marquis lui a vendues. On fait une revente et l’on convient d’une indemnité.

M. de Sade et l’avocat se séparent en pleurant, à Beaucaire, après avoir arrêté, sous le titre de « notre tableau », ce qui sera fait, aliéné et compté.

Sade et Quesnet rentrent à Paris avec un sieur Bonnefoy qui leur a prêté de l’argent et qui raconte leur voyage. Le personnage est fort grotesque, mais sa lettre, bien qu’un peu suspecte à ce titre, est un document précieux sur le faux ménage. Les deux amants se sont disputés à leur ordinaire, un peu moins peut-être, et ne tarderont pas à se déparier. Quesnet est une fine mouche qui a roulé tous les théâtres de Paris et de la province et a su se faire de nombreux amis. Le marquis est grugé et a tout à gagner à une prompte rupture.

M. de Sade et son amie se sont fait suivre d’une charrette chargée d’effets et de provisions qui n’arrive pas. Elle est allée s’échouer dans la cour d’une auberge à Paris où on met bien du temps à la retrouver. Le marquis veut, à toute force, plaider contre un nommé Courtois qui s’est bénévolement entremis pour faire cet envoi.

Madame de Sade demande à son mari, qui la lui donne, l’autorisation de faire valoir ses droits dans la succession de son père.

Peu après son retour à Paris, M. de Sade apprend que l’inscription de son nom sur la liste des Bouches-du-Rhône le fait tomber sous le coup de la loi du dix-neuf fructidor, an V. La menace est extrêmement grave et les premiers effets s’en font sentir dans le Vaucluse où les