Page:Sade - Adresse d’un citoyen de Paris au roi des Français, 1791.djvu/11

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beau, vous eût crié : Perfide, voilà ton ouvrage ! Un jour de plus vous alliez devenir un objet d’horreur, vous, qui la veille aviez excité mille applaudissemens au spectacle[1], à la seule peinture de l’amour que tous les Citoyens vous portoient. Or qu’est une démarche, Sire, qui produit dans une seule nuit des impressions si différentes ! Qualifiez-la vous-même, et dites si vous croyez qu’il puisse en être une et plus imprudente et plus criminelle.

Tous les cœurs se r’ouvrent à l’espoir en entendant annoncer votre retour ; tous se disposent à vous pardonner. Ecoutez ce qu’on dit, Sire, ce n’est plus vous qui nous avez trompé ; vous l’avez été ; cette fuite est l’ouvrage de vos prêtres & de vos courtisans ; vous avez été séduit ; jamais vous n’auriez conçu ce projet sans eux ; saisissez ces dispositions, Sire, pour regagner les cœurs que vous avez aigris, vous le pouvez, tout vous l’assure. Et s’il est vrai, comme cela ne paroît que trop positif, que ce soit la compagne de votre sort qui vous ait donné de tels conseils, ne l’exposez pas plus long-temps à la vengeance des Français ; sachez vous en séparer ; elle ne vous est plus nécessaire ; renvoyez-la dans sa Patrie, qui ne s’en eſt défait que pour distiller et plus long-temps et plus sûrement sur la France les vénins destructeurs de la haine quelle eut pour elle de tous les temps. Nous la verrons partir de bon cœur, pas un de nous ne lui manquera, mais pas un ne la retiendra. Nous excuserons dans elle son sexe et sa patrie ; faites ce sacrifice, il est utile à votre bonheur, à votre tranquillité ; il

  1. Aux Italiens dans les couplets de Pierre-le-Grand.