Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/127

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son état et de son âge ; impérieuse, tracassière, méchante, aimant beaucoup plus ma compagne que moi ; il n’y avait rien là, comme vous voyez, qui dût m’attacher fort à elle, et le temps que j’ai été dans cette maison, je l’ai presqu’entièrement passé dans ma chambre, livrée à la lecture que j’aime beaucoup, et dont j’ai pu faire aisément mon occupation, moyennant l’ordre que M. de Mirville avait donné de ne me jamais laisser manquer de livres.

Rien de plus réglé que notre vie ; nous nous promenions à volonté dans un fort beau jardin, mais nous ne sortions jamais de son enceinte ; trois fois de la semaine, les deux amis qui ne paraissaient jamais qu’alors, se réunissaient, soupaient avec nous, se livraient à leurs plaisirs, l’un devant l’autre, deux ou trois heures de l’après-souper, et allaient de-là finir le reste de la nuit chacun avec la sienne, dans son appartement, qui devenait le nôtre le reste du temps….. Quelle indécence ! in-