Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/155

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l’entoure ; ensuite, elle arrosait mes mains de ses larmes, elle me demandait mille fois pardon de toutes les peines qu’on daignait se donner pour une pauvre fille qui ne les méritait pas. L’organe flatteur de cette jeune fille, de très-beaux yeux bleux remplis de sentiment, un air d’innocence, de vérité, répandu dans toute sa physionomie, et qui place, pour ainsi-dire, son ame sur les traits de sa jolie figure…… Tout cela, mon ami, intéresse involontairement pour elle ; ses malheurs achèvent d’attendrir et il devient réellement impossible de ne pas désirer qu’elle soit heureuse. Aline, à qui l’on a expliqué, des aventures de Sophie, tout ce que permettait la décence, l’a pris dans une amitié très-singulière ; il faut l’arracher du chevet de son lit, elle veut lui donner ses bouillons, elle y voudrait coucher, si on la laissait faire, mais une chose plus extraordinaire, ô Valcour ! c’est qu’il est impossible de ne pas observer entre ces deux jeunes personnes, un air de famille ; il