Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Delcour. — Es-tu bien sûr, Mirville, que Sophie soit réellement coupable ?

Mirville. — Je l’ai trouvée avec le délinquant, c’était, ce me semble, plus qu’il en fallait pour légitimer sa sottise.

Delcour. — Les apparences trompent si souvent, mon ami… La main d’un juge dégoutte sans cesse du sang que lui font verser les apparences. — Heureusement que nous sommes au-dessus de ces misères-là, et qu’un être de moins dans le monde n’est pas pour nous une affaire bien grande ; d’ailleurs, ce que j’en dis n’est pas pour disculper Sophie ; mais parce que je serais fort aise d’avoir, comme toi, une coupable à punir. Examinons les faits et faisons paraître les témoins ; commençons par interroger la Dubois, je la crois complice. Y a-t-il là des pistolets ? Mirville. — Oui. Delcour. — Prends en un, et moi l’autre ; il s’agit, d’effrayer, il est inoui ce qu’on obtient en effrayant : je t’apprends là les secrets de l’école. Mirville. — Qui ne les sait pas ? Mais ces pistolets…, mon ami…, ils sont chargés. Delcour. — C’est ce qu’il