Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/199

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faut, et qu’importe une tête, dès qu’il s’agit de se procurer, ce que nous appelions, des indices. Mille victimes, mon ami, pour découvrir un coupable — voilà l’esprit de la loi. Mirville. — De la loi, soit, moi je ne connais pas trop la loi, encore moins la justice ; je me livre, à mon cœur, et il me trompe rarement. Tu vas voir si les coups de bâton et d’étrivières, que j’ai donné à ta fille, ne seront pas bien éduement et bien légitimement appliqués. Au reste, s’il en fallait revenir, comment faire à présent ? ces choses-là ne se reprennent point. Où la trouver, et comment réparer ?… Delcour. — Oh ! mais, je dis, dans ce cas là, on ne répare point ; tu te modèleras sur nous, personne n’offense comme les satellites de Thémis, et personne ne répare aussi peu. Tu as mal pris le sens de mon discours ; je vise moins à te faire faire une bonne action, qu’à me procurer le plaisir d’en faire une mauvaise. Ton exemple m’a tenté…, et je ne connais rien de pis que l’exemple : interrogeons, voilà l’objet.