Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/223

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sans y avoir encore réussi ; je l’avoue, selon vous, madame, les sauvages doivent être bien indécens ; car, ils vont tout nuds, et vous pouvez être sûre que chez les Californiens, ou chez les Ostiages, quand un père va voir sa fille, le matin, elle ne lui refuse pas sa porte, sous le ridicule prétexte qu’elle est en chemise. — Monsieur, a répondu madame de Blamont, avec autant d’aménité que de modestie, la décence n’est point idéale ; elle peut être arbitraire ; elle peut être relative aux différents climats, mais son existence n’en est pas moins réelle ; fille du bon sens et de la sagesse, elle doit régler nos actions sur nos usages et sur nos sentimens, et s’il était de mode d’aller en France comme au Paraguai, la décence alors placée à d’autres devoirs plus essentiels, n’en serait pas moins respectée. — Oh ! je vous réponds qu’il y a des pays où rien de ce que vous voulez dire ne l’est, où vos devoirs sont des chimères, et vos crimes d’excellentes actions. — Ce raisonnement seul vous con-