Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/234

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courir le bois, seul avec son ami ; ce dernier projet s’exécuta, et on ne les vit plus qu’à souper. Nous n’avions pas bougé du château, pendant cette absence, et je venais de réussir enfin, à déterminer madame de Blamont à rompre la glace ; ce n’était pas sans peine, mais une explication devenait pourtant nécessaire ; le président ne disant mot, pouvait avoir le projet sourd d’enlever sa fille, il ne fallait pas se contenter d’étudier sa conduite, il fallait observer ses desseins, je décidai donc un éclaircissement pour le lendemain sans faute, et je préparai tout, dans la vue de donner à la scène le pathétique que j’y supposais nécessaire, afin d’émouvoir, s’il était possible les ressorts de cette ame flétrie ; il est temps de te détailler cet evènement, qui se passa dans le second sallon, où existe à gauche un petit cabinet à écrire, dans lequel j’avais fait cacher Sophie prévenue. Le chocolat pris, on vint dans le sallon que je t’indique, et madame de Blamont débuta