Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoi qu’il en soit, quelle horreur de noircir cette malheureuse Sophie, par des accusations graves, pour lui enlever jusqu’aux généreux soins de sa protectrice ; on cherche toujours à rendre odieux ceux qu’on maltraite mal à propos, afin d’appaiser ses remords ; et de légitimer ses injustices… Mais ces deux fourbes ne se contentent pas d’un mensonge, ils y joignent la plus insigne calomnie…; quelle apparence que cette fille honnête, sensible et douce, quelque puisse être sa naissance, soit coupable de ce dont on l’accuse… La Dubois, dont les aveux paraissent si vrais, et qui ne s’est tûe que sur ce qu’il était impossible qu’elle eût appris, n’a rien dit qui ressemblât à cela ; vois comme la méchanceté s’alimente par ses propres effets ; plus on lui donne, plus elle exige, et chaque frein qu’on lui laisse briser n’accroît que davantage l’ardent désir qu’elle a d’en rompre de nouveaux.

Je suis persuadé, mon ami, que le vice peut conduire l’homme à un tel point de