Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/289

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souffrances ! Il faut aimer comme je le fais, pour sentir ce que j’ai éprouvé. Juste ciel ! celui qui, par état, doit être le gardien de la vertu de sa fille, en devient donc le corrupteur ? où ne conduisent pas les désordres d’une tête égarée, et d’un cœur sans principes ?… Ils triomphaient, les monstres, pendant que triste, abandonné, en proie aux plus cuisantes inquiétudes, la seule pensée du bonheur qu’ils arrachaient n’eût osé seulement pénétrer mon esprit… Aline, pardonnez-moi une question… On ne se peint point les tendres sollicitudes de l’amour malheureux ; on n’imagine point où va sa curiosité… Mais dans ce mouvement qui vous a fait fuir, entrait-il un peu d’amour à côté de la décence ? étiez vous aussi fâchée de l’insulte à la pudeur, que de l’outrage fait à l’amant ? L’un vous rend bien respectable à mes yeux ; mais combien l’autre vous y rendrait plus adorable encore ! et peut-être en l’état cruel où je suis, préférerais-je vous voir une