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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/290

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vertu de moins, pour un degré d’amour de plus, mais où se perd mon imagination ? Ne sont-ce pas ces vertus que j’aime ? et l’idole de mon cœur est-elle autre chose que la réunion de toutes les vertus ? Ah ! fuyez, Aline, fuyez toujours le crime quand il vous poursuivra ; que ce soit amour ou sagesse, ne le laissez jamais approcher de vous ; il ne peut vous atteindre, sans doute, mais qu’il n’ose même vous approcher, imposez-lui par vos regards, contraignez-le par vos discours, éloignez-le par vos vertus, et que son existence soit impossible, dans tous les lieux que vous embellissez.

Je vous enlève une sœur, Aline, une sœur déjà votre compagne, pour vous en rendre une à deux cents lieues de vous, que vous ne verrez peut-être de votre vie. Mais si la malheureuse Sophie ne vous appartient plus par les liens de la nature, que ceux de la pitié vous la rendent toujours chère ; plus elle retombe dans l’infortune, plus vous lui devez vos