Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/291

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soins. La nécessité où vous allez être de vous en séparer, vous fera peut-être venir l’idée de la rendre à sa mère ; ne lui désirez point un tel sort ; gardez-vous de la lui donner, elle achéverait de se corrompre. C’est par un motif excusable, sans doute, que Claudine a voulu l’éloigner d’elle ; elle croyait, au moyen de cette fourberie, faire passer à cette fille la fortune immense que votre père assurait devoir appartenir un jour à la sienne ; mais Claudine ne s’est pas tenue là ; elle est visiblement coupable d’une autre supercherie qui dévoile la bassesse de son ame : elle est de plus très-intéressée ; voyant ses projets évanouis, peut-être par des voies moins honnêtes, chercherait-elle à faire retrouver à sa fille, la fortune que n’a pu lui procurer sa première fraude. Le village qu’elle habite est un de ces asyles empestés, où la débauche de la capitale vient se couvrir des ombres du mystère, ne l’y envoyez point. Je vous réponds qu’elle n’y serait pas long-tems en sûreté.