Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ame douce ; ce sont celles d’un cœur délicat ; laissez-moi les goûter un instant avec vous.

Sacrifiée bien jeune[1] à un époux qui n’avait rien pour me plaire, et que je connaissais à peine[2], je n’en formai pas moins, dans le fond de mon ame, le plan des plus rigoureux devoirs… Dieu sait

  1. Elle fut mariée à quinze ans ; elle va de trente-cinq à trente-six, lors du moment d’action de ces lettres ; elle accoucha d’Aline à seize ans : elle est grande, faite à peindre. Les traits les plus doux, les plus agréables, pétrie de graces et de talens.
  2. Monsieur de Blamont avait quinze ans plus que sa femme, indépendamment des défauts de caractère assez prononcés dans ses lettres, pour donner une juste horreur de lui, il y a peu de figures plus repoussantes ; il a le regard effrayant, la bouche affreuse, le nez très-long, le front chauve et bas, le menton relevé, en perruque depuis son