Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de propos, Valcour, laissez-moi vous rendre compte des projets et de mes démarches, car avec ce langage de la plainte mon cœur s’altère à tout instant.

Vous imaginez bien que je n’ai pu tenir à l’envie de savoir au plus tôt des nouvelles d’Elisabeth de Kerneuil. Quelque soit le sort qu’elle éprouve, il m’intéresse trop réellement pour que je n’aye pas désiré de l’éclaircir. Déterville a écrit sur-le-champ à un de ses parens à Rennes ; il le supplie de nous donner sur cette jeune personne le plus de lumières qu’il lui sera possible… Nous attendons ; ma situation, dans ce cas-ci, est très-embarrassante,… vous l’avez senti ; j’ai, sans doute, le plus grand désir de posséder cet enfant, mais quel droit aurais-je à son cœur ?

Le seul titre de mère que je pourrais lui alléguer, me méritera-t-il sa tendresse ? n’est-elle pas due toute entière aux parens qui l’ont élevée ?… Et puis, travaillerai-je pour le bonheur d’Elisabeth en réussissant à la ravoir ? Le sort, ou qu’elle a déjà, ou