Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/318

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le sort nous eût favorablement traité, si ce n’était pour satisfaire tous les besoins de l’infortuné ? nos richesses sont le patrimoine du pauvre, et celui qui ne sent pas le plaisir de les soulager, a vécu sans connaître et la véritable raison pour laquelle il était né plus à son aise qu’un autre, et les plus doux charmes de la vie.

Toutes nos opérations terminées, nous nous sommes réunis, nous nous sommes regardés, comme le feraient des gens, qui du sein de la tranquillité auraient subitement passé dans celui des angoisses et des tribulations ; et, qui voyent enfin le calme renaître…… Je dis le calme, car j’y crois, et ne vois absolument rien qui puisse le troubler jusqu’à notre retour à Paris. Alors mon intention est de demander de seconds délais, de contenir du mieux que je pourrai le président, avec le peu de moyens que je retire de tout ceci, et d’armer enfin mes parens s’il le faut ; car soyez-en bien sûr, il n’y aura que la force qui pourra me décider à sacrifier ma fille au scélérat qui la