Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/326

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agrémens de la figure et de l’esprit, mais fille d’une mère qui ne pouvait la souffrir, répondit fort jeune encore aux sentimens du comte de Kerneuil, l’un des premiers gentilshommes de Bretagne. Les obstacles invincibles qu’ils éprouvèrent l’un et l’autre à l’union qu’ils désiraient, furent causes de deux malheurs qui ont à jamais perdus ces jeunes gens. Le comte s’est expatrié, il a servi quelque tems en Russie… On l’y croit mort ; avant que la nouvelle ne s’en répandit, mademoiselle de Kerneuil avait déjà fini sa vie d’une manière plus affreuse, elle se tua dès qu’elle vit l’impossibilité d’appartenir jamais à l’objet de ses feux… Son père était mort depuis long-tems, sa mère a terminée ses jours deux ans après l’événement qui trancha ceux de sa fille, et comme mademoiselle de Kerneuil était fille unique, les biens ont passé à des collatéraux… c’est tout ce que je puis vous dire, qui que ce fut que vous interrogeassiez dans notre province, ne vous répondrait pas avec tant de franchise, il alté-