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Aline à Valcour.

d’Olbourg pour inspirer de l’éloignement à votre fille ? (Oh, Valcour, je voudrais que vous le vissiez !) Est-ce parce que ce n’est pas un de ces freluquets du jour, qui, faisant croire à une jeune personne qu’ils en sont épris uniquement parce qu’ils la savent riche, épousent la dot et laissent la fille ? ou peut-être ce sont les talens et l’esprit qui vous séduisent. Quoi ! parce qu’un homme aura fait quelques comédies, quelques épigrammes, qu’il aura lu Homere et Virgile, il possédera, de ce moment, tout ce qu’il faut pour faire le bonheur de votre fille ! »

Vous voyez, mon ami, sur qui tombait ce dernier sarcasme ; mais le cruel craignant que nous ne l’eussions pas encore entendu : « Je vous prie répliqua-t-il, en colère, madame, d’écrire sur-le-champ à M. de Valcour que ses visites m’honorent infiniment, sans doute, mais qu’il m’obligera pourtant de les supprimer ; je ne veux pas donner ma fille à un homme qui n’a rien. — Sa naissance, reprit ma mère, vaut mieux que la mienne. — Je le sçais bien, madame ; voilà toujours l’orgueil des filles de condition ; avec elles la naissance