Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

10
Aline à Valcour.

fait tout. Voulez-vous que ma fille éprouve avec son Valcour ce qui m’est arrivé avec vous ? Épouser du parchemin ?… À quoi me sert, je vous prie, celui que vous m’avez donné ?… J’aimerais mieux vingt-cinq mille francs par an, que toutes ces généalogies, qui comme les vers phosphoriques, ne brillent que par l’obscurité, ne sont illustres que parce qu’on n’en voit pas l’origine, et dont on peut dire tout ce qu’on veut, parce que le bout manque. Valcour est d’une bonne maison, je le sçais, il a de plus un puissant mérite à vos yeux, il est passionné pour les belles-lettres ; mais moi, que cette considération touche fort peu… je veux de l’argent, et il n’a pas le sou. Voilà sa sentence, aprenez-la lui, je vous le conseille ». À ces mots, il a disparu, et nous a laissées, ma mere et moi, dans les larmes. Cependant mon ami, car il faut que je répande un peu de baume sur les blessures que je viens de faire, l’espoir n’est pas encore banni de mon cœur, et cette mère respectable, que j’idolâtre, et qui vous aime, me charge positivement de vous dire qu’elle ne veut pas que vous vous désespériez… Elle est