Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/335

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voilà, ce me semble, tout ce qui résulte de ce petit moment d’effervescence que vous n’avez pu contenir. Ne sentez-vous donc pas l’impossibilité de votre proposition, et dans la circonstance où nous sommes, pouvez-vous exiger une telle chose ? Vous dites que vous m’aimez,  si cela est, ne cherchez donc pas à me rendre plus malheureuse que je ne le suis ; doutez-vous que ce ne soit sur moi que retomberait l’orage si la démarche était découverte ? Ah ! mon ami ! appelez ici au secours de votre raison cette délicatesse qui caractérise si bien le cœur qui m’a séduit… Consultez-là, vous verrez si elle vous permet de vouloir acheter un moment de bonheur, au prix de celui des gens qui vous aiment le mieux dans le monde. Croyez-vous que cela put être ignoré, je suppose que cela fut, serais-je moins coupable d’y avoir consenti, malgré la promesse que j’ai faite de m’y opposer. Je sais bien que je n’ai rien à craindre de vous. Votre honnêteté, vos vertus me rassurent, et l’amant assez délicat pour n’exiger un