Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/62

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être le serez-vous bientôt davantage : car je suis le coupable, et c’est à moi de périr : mais ne me refusez pas de m’apprendre, avant que nous ne nous séparions pour jamais, la fatale histoire de cette fille respectable… que j’ai trompée, je l’avoue ; mais qui ne peut cesser de m’être chère. — Ingrat, me répondit Sainval, elle est morte en t’adorant ; elle est morte en suppliant le ciel de ne jamais punir ton crime. Elle avait avoué à mon père la faute où tu sçus l’entraîner : il venait de la contraindre à l’ensevelir dans les bras d’un époux… Obsédée par toute une famille, l’infortunée venait d’obéir…… Elle n’a pu résister à la violence du sacrifice. Chaque jour, chaque instant l’entraînait à la mort, et elle en a reçu le coup dans mes bras. Depuis cette époque fatale, je n’ai cessé de te chercher par-tout. J’ai suivi tes pas dans cette ville, incertain de t’y rencontrer. Je t’y trouve, presse-toi de me convaincre que tu ne joins pas au moins la lâcheté à la plus barbare séduction.

Nous nous battîmes ; le combat fut court : Sainval avait plus de courage que d’adresse,