Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/64

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cadavre sanglant, et je cherchais à le ranimer, à lui rendre le souffle de la vie aux dépens même de celle que j’aurais voulu lui sacrifier.

Il n’était plus temps…… je me lève égaré ; je porte mes pas au hasard ; on avait entendu le bruit du combat. On me vit fuir ; on me poursuit, on m’atteint, on m’arrête, et l’on me mène en diligence chez le commandant de la ville. Mon désordre, mes habits ensanglantés, le rapport certain d’un homme mort, une lettre trouvée sur M. de Sainval, par laquelle son père lui ordonnait de me chercher jusqu’aux extrémités du monde ; tout disposa M. de * * * qui commandait pour lors à Lyon, à des précautions et à de la sévérité. Quelque grave que soit votre affaire, Monsieur, me dit néanmoins avec honnêteté ce militaire, je vais agir avec vous comme je le ferais avec mon propre fils. Vous aurez pour séjour une maison royale, et j’irai demain vous y recommander moi-même : je vais tout assoupir avec le plus grand soin. Si d’ici à trois mois rien n’éclate, votre