Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/67

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cette affaire ; mes gens étaient toujours dans l’hôtel où j’étais descendu, et s’y tenaient, par mes ordres, renfermés sous le plus grand mystère. Enfin, le commandant de la ville parut… « Rien ne transpire, me dit-il ; j’ai fait inhumer M. de Sainval le plus secrètement que j’ai pu : c’est par un avis détourné que j’ai fait part de sa mort à son père sans lui expliquer la cause qui l’a fait descendre au tombeau… J’ai serré les papiers trouvés sur lui ; ils ne paroîtront pas, que je n’y sois contraint… Voilà tous les services que j’ai pu vous rendre… je les continuerai… Sortez cette nuit sans éclat, et de cette prison et de la ville… Vos gens, votre chaise et un passe-port vous attendent à la première poste qui est sur la route de Genêve… Rendez-vous à cette poste à pied et sans bruit ; passez de-là en Suisse ou en Savoie, et si vous m’en croyez, restez-y caché jusqu’à ce que vos amis vous aient mandé de Paris, quelle tournure a pris votre affaire. Il ne me reste plus que ma bourse à vous offrir : usez-en comme de la vôtre… » Oh ! Monsieur, répondis-je en me jettant