Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/81

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de certains instans de calme s’offrir à l’esprit de mon Aline !…… Ô mon cher Déterville ! je la fuirais pour ne la jamais revoir… Ah ! comme je désirerais à présent, ce que j’ai toujours méprisé !… que je voudrais posséder des honneurs, des trésors, et tout ce qui pourrait me rendre plus digne de celle que j’adore !

À supposer même que les difficultés s’aplanissent, et que je parvienne à ce que j’appelle l’unique bonheur de ma vie, le regret de ne lui avoir pas apporté un bien digne d’elle, n’altérera-t-il pas ma félicité ? L’illusion des plaisirs évanouie, ne redouterai-je pas qu’elle-même ne conçoive un jour ces regrets ? Ô mon ami ! cache-lui mes craintes, elle ne me pardonnerait pas de les avoir conçues.

Non, je n’approuve point tes recherches secrettes sur d’Olbourg, il y a une sorte de trahison, qui ne s’arrange pas avec la franchise de mon âme ; je ne veux devoir qu’à moi seul la préférence d’Aline, il serait, ce me semble, humiliant pour moi, de ne triompher que par les vices de mon rival.