Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/89

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terres de monsieur de Blamont, uniformes par-tout, et n’offrant jamais que l’ennui à côté de la régularité.

On se lève ici tous les jours à neuf heures, et tant qu’il fait beau, le rendez-vous du déjeûner est sous un bosquet de lilas, où tout se trouve prêt dès qu’on arrive. Là, l’on prend ce qu’on veut, et ma mère a soin d’y faire trouver à-peu-près tout ce qu’elle sait devoir plaire à chacun. Cette première occupation nous conduit à dix heures ; alors on se sépare pour aller passer les momens de la grande chaleur, dans quelques cabinets frais, avec des livres : on ne se réunit plus qu’à trois heures. C’est l’instant de servir, on fait un excellent dîner, et d’autant plus ample, que c’est le seul repas où l’on se mette à table.

À cinq heures on en sort, c’est l’heure des grandes promenades, les cannes et les coëffes se prennent, et Dieu sait où l’on va se perdre ! À moins que le tems ne menace, il est d’institution d’aller à pied et toujours extrêmement loin, sans autre dessein que de marcher beaucoup ; nous appelons cela des aventures. Déterville est le seul homme